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« Mon chat a plus d’amis que moi sur Facebook »

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Il est une communauté qui prend de plus en plus de poids sur Internet : celle des chats. De gouttière ou racés, tous peuvent connaître une vie virtuelle. Quoique sur Facebook, créer un profil pour son animal soit interdit. Mais pas une page. Décryptage d'un phénomène ... poilant.

Nini avec un bonnet de père Noël enfoncé sur la tête, Nini devant un aquarium, Nini au soleil, Nini au milieu du potager, Nini étalé sur un fauteuil : la collection de photos du profil de ce chat de treize ans est impressionnante. Sa maîtresse, Anne-Claire Fraschini, l'a inscrit sur le réseau social Facebook en octobre 2009 : "C'est la mascotte de la famille et de la plupart de mes amis. Alors, j'ai trouvé amusant que les gens puissent le suivre sur Internet".

Nini a aujourd'hui 823 amis. "Au départ, il n'était ami qu'avec mes amis, puis j'ai réalisé qu'il y avait plein d'autres chats sur Facebook. J'ai envoyé des demandes, et de fil en aiguille, il a eu plus d'amis que moi !", raconte-t-elle. Anne-Claire Fraschini limite pourtant les fréquentations de sa boule de poils aux seuls utilisateurs qu'elle connaît ou ... à  des chats. Elle refuse les demandes d'amis chiens, tortues et autres lapins. Une question de principe.

Anne-Claire a inscrit son chat Nini sur Facebook il y a presque cinq ans.

Anne-Claire Fraschini a inscrit son chat Nini sur Facebook il y a presque cinq ans.

Sur son profil, dans la rubrique "en couple avec", laissée -pudiquement- vide par tant d'internautes "humains", le nom du petit amoureux de Nini est public : Columbo Poppelwell. "C'est le chat d'un copain que j'ai rencontré en année Erasmus en Ecosse, explique Anne-Claire. C'est donc une relation à distance et purement virtuelle !"

Apprenti chez Chasseurs de taupes et Cie

Outre son compte personnel, Jonathan Roger, a créé un profil Facebook pour son chat, Sirius, cinq ans. Cet étudiant de 24 ans a choisi ce nom en référence directe, non pas à l'étoile principale de la constellation du Grand Chien, mais à son personnage préféré dans Harry Potter, Sirius Black. Sur son profil, on apprend que le matou blanc tacheté de noir, qui a été doublure d'Azraël, croquettologue, puis apprenti dans l'entreprise Chasseurs de taupes et Cie, cherche maintenant un emploi. La sœur de Jonathan Roger s'est amusée à imaginer - avec beaucoup d'humour - un CV complet pour l'animal, né à Poil, domicilié à Chat-Teaubriand et joignable par des employeurs potentiels sur son Chamsung. Parmi les amis de Sirius, "d'autres chats, et aussi beaucoup de personnes de nationalités différentes, assure Jonathan. Il y a par exemple une Italienne qui lui souhaite chaque année son anniversaire à coup de miaou !"

Au-delà de l'aspect humoristique, un peu potache, d'un compte Facebook pour son chat, la psychologue Françoise Zannier, qui officie dans le XIIe arrondissement de Paris, y voit la marque d'une "véritable adoration des maîtres pour leur animal de compagnie, qui dans de nombreux cas, sert de substitut, consciemment ou non, à un enfant, ami ou partenaire." Elle ajoute : "Les inscriptions et créations de pages dédiées à son chat sur les réseaux sociaux apparaissent comme un moyen supplémentaire de mettre en valeur l'objet d'amour en question et de le faire connaître. Il s'agit d'exposer l'animal, de le montrer sous tous ses aspects, dans toutes les tenues et les poses, comme une véritable star de cinéma. Dans le monde ultra-médiatisé dans lequel nous vivons, le maître crée ainsi un univers confirmant que son chat est une vedette incontestée et incontestable."

Des marchandises estampillées Nala

Les cas d'Anne-Claire Fraschini et de Jonathan Roger sont loin d'être isolés : sur Facebook, une véritable communauté de chats mène une vie - de pacha - virtuelle. Certains, comme Nala, sont très populaires. La chatte est suivie par plus de 115 000 internautes. Pourtant, elle n'a rien d'extraordinaire. Nala est grise, tigrée noire. Ses yeux sont verts. Un beau chat, certes, mais comme tant d'autres. Une Américaine qui vit à Los Angeles et se fait appeler Pookie (un pseudonyme) en a néanmoins fait une star sur la toile. Elle avoue passer plus de temps sur le compte de son chat que sur le sien.

En février, elle a même commencé à vendre sur Internet des objets estampillés Nala : des coques pour téléphones portables, des foulards, des coussins, des nœuds papillon pour chats, etc. "Les ventes me rapportent chaque mois assez d'argent pour supporter le coût de la vie", affirme Pookie, qui a obtenu un MBA en marketing il y a deux ans.

"Les profils sont pour les humains"

Chez Facebook France, on ne ronronne pas de plaisir en découvrant des comptes dédiés à des chats : "La plateforme est régie par des conditions d'utilisation, notamment à l'inscription. Les pseudonymes ne sont pas autorisés, il faut donner sa vraie identité, et avoir plus de treize ans. Donc avec les chats, ça ne fonctionne pas !" Créer un profil pour son animal de compagnie va en effet à l'encontre de la déclaration des droits et responsabilités du site, qui stipule notamment que "les utilisateurs de Facebook donnent leur vrai nom et de vraies informations les concernant."

"Si les utilisateurs veulent vraiment avoir leur chat sur le site, il faut créer une page sur son propre compte, précise-t-on chez Facebook. En résumé, les profils sont pour les humains, les pages pour les entreprises, les marques, les idées, les organisations et les animaux." Les profils dédiés aux chats sont donc régulièrement fermés par les administrateurs du réseau social, assure Facebook France, sans être en mesure de donner de chiffres précis. Ce réseau affirme que des équipes de surveillance sont dédiées au signalement de faux profils. Un jeu du chat et de la souris, version 2.0.

Céline Schoen (Monde Académie)


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