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Permis de conduire en accéléré : possible mais cher

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Le délai d’attente pour passer l’examen du permis B ne cesse d’augmenter. Pour y pallier, de nombreuses auto-écoles proposent des stages intensifs de deux semaines. Au prix fort.

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Le permis en accéléré, la formule pour obtenir rapidement le papier rose.
(William Plummer)

Stressant, coûteux et difficile, le permis de conduire ne s’obtient pas rapidement. L’apprentissage, en formation traditionnelle, du code de la route et de la conduite s’étale sur plusieurs mois, voire plusieurs années pour certains. Aux impatients ou aux pressés, certaines auto-écoles proposent une formation accélérée. En l’espace de deux semaines, plus une si besoin, le candidat passe le code de la route puis l’épreuve de conduite. Ces pratiques intensives sont possibles grâce à une simplification des procédures depuis le 1er janvier 2010 (voir ci-dessous) et se développent de plus en plus.

Mohamed Saidane, étudiant de 21 ans, a opté pour cette formule. Dans le cadre de ses études, il devra bientôt chercher plusieurs stages, pour lesquels avoir le papier rose en poche sera un atout de taille dans son CV. Quitte à payer plus cher. M. Saidane doit débourser 1 700 euros, soit 500 euros de plus qu’un forfait traditionnel - comprenant vingt heures de conduite – dans son auto-école. En région parisienne, le coût initial d’une formation en accéléré peut s'élever à 1 900 euros, sans compter les heures supplémentaires.

Le code de la route en accéléré : une formalité ou presque

Du lundi au vendredi, M. Saidane enchaîne des séries de code de la route. Chaque jour, il passe six heures devant un écran d’ordinateur. Derrière lui, Aurélie Salvado, secrétaire de l’auto-école CER des Hauts de Chatou, lui prodigue de précieux conseils à chacune de ses erreurs. Pour M. Saidane, la formation au code de la route en accéléré est éreintante : « C’est du bourrage de crâne, mais ça marche ». De fait, l’étudiant triomphe de cette épreuve dès la première tentative. Avoir le code est une condition sine qua non pour poursuivre la formation. En cas d’échec, l’auto-école ne peut continuer l’apprentissage intensif en raison du délai d’attente pour l’obtention d’une nouvelle date de passage à l’examen écrit. Mais ce problème ne s’est jamais posé dans cette auto-école: « Depuis la mise en place, en mars 2013, du stage en accéléré, personne n’a échoué au code pour le moment », souligne Aurélie Salvado.

L’examen final, plus compliqué

Arrive alors la seconde étape, monter dans la voiture. En accéléré, le temps est compté : on commence directement en conditions réelles et non étape par étape – volant puis pédale – comme souvent en formation classique. Mohamed Saidane ne s'en plaint pas :  « Le fait d’enchaîner les heures m’a rapidement mis en confiance », dit-il.  Durant cette deuxième semaine, il passe en moyenne quatre heures par jour au volant : « Deux heures le matin, deux heures l’après-midi, ça me laisse le temps de repenser aux erreurs commises dans la matinée et de les corriger. »

À la fin de la deuxième semaine, Frédéric Evrard, professeur et gérant de l’auto-école du CER des Hauts de Chatou, est clair avec M. Saidane: « Il faut qu’on te rajoute dix heures sinon tu vas droit dans le mur. » Aujourd’hui, obtenir le papier rose en vingt heures de conduite relève du miracle : la moyenne nationale oscille entre trente-trois heures et trente-quatre heures. Les dix heures supplémentaires, dans cette auto-école, représentent un surcoût de 480 euros qui porte la formation à 2 180 euros. M. Saidane s’y attendait et avait pris ses dispositions financièrement « au cas où ». C’est donc reparti pour une semaine, mais l'étudiant doit, cette fois, jongler entre ses cours et les heures de conduite le soir. M. Saidane échoue à l’examen final, malgré la somme importante déjà investie.  « J’étais nerveux, j’ai fait des petites erreurs. Je ne pense pas que mon échec soit dû à la formation intensive », commente-t-il.

Pour d’autres, les stages en accéléré ont payé. C’est notamment le cas de Victor Desmet, 20 ans, qui a passé son permis en juin 2013, à Maintenon en Eure-et-Loir (28). Bien qu'il n'ait jamais conduit auparavant, M. Desmet a obtenu son permis en seulement 20 heures, ne déboursant « que » 1 450 euros (tarif peu comparable à ceux des grandes villes). Satisfait de sa formation, il nuance cependant son enthousiasme : « Il y a plusieurs points qui pourraient en freiner certains : le surcoût et l’aspect chronophage de la formation. »

Un retour sur investissement incertain

La question de l’efficacité de la formation peut se poser. « En accéléré, pas de miracle,  nous avons les mêmes taux de réussite que pour les autres formules », admet le gérant de l’auto-école de Chatou, Frédéric Evrard. Il ajoute : « Le laps de temps est trop court pour assimiler tant de choses. Je conseille plutôt, quand c’est possible, la conduite accompagnée : le candidat suit un certain nombre d’heures en auto-école et améliore sa conduite avec ses parents. ».

Pour le SNICO-FO (Syndicat national des inspecteurs, cadres et administratifs du permis de conduire et de la sécurité routière), les formations accélérées posent problème.  « Elles encouragent la performance pour l’examen plutôt que la compétence sur du long terme, déclare Laurent Deville, secrétaire national de ce syndicat. On considère qu’il est nécessaire d’avoir une période de réflexion, de maturité et de recul sur la formation, et les stages intensifs ne le permettent pas », 

En raison de son échec à l’examen final, Mohamed Saidane doit attendre entre quatre et six mois pour obtenir une nouvelle date de passage dans la même auto-école. Seule solution pour repasser l’examen plus rapidement : changer d’auto-école. Ce qui alourdira la facture car, dans la majorité des cas, la nouvelle auto-école imposera un certain nombre d’heures, facturées au prix fort, avant de passer le permis. Encore faut-il que l’auto-école ait de la place pour l’accueillir. Au final, pour Mohamed Saidane, le permis n’a plus rien accéléré...

William Plummer (Monde Académie)

Les procédures simplifiées depuis le 1er janvier 2010 :

  • L'enregistrement préalable du candidat en préfecture avant de pouvoir prendre des leçons.
  • Le délai d'un mois après l’enregistrement avant de se présenter au code a été supprimé.
  • La possibilité pour les écoles de conduite de présenter des candidats dans un département limitrophe a été instaurée.
  • La possibilité pour les candidats de plus de 18 ans d'accéder à une phase de conduite accompagnée selon des modalités souples a été mise en place (1 000 km minimum à parcourir en trois mois, au lieu de 3 000 km à parcourir au minimum en 12 mois).

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